Un atelier conservé in situ

Un atelier conservé et présenté in situ
L'atelier Gérôme



Atelier Gérôme
Mirecourt, 2011 (n°2010.6.0) © Musée de Mirecourt, C. Philippot

 

Les Gérôme : trois générations de luthiers travaillent dans cet atelier depuis le début du XXe siècle


En 1892, Louis Gérôme quitte Paris pour venir s'installer à Mattaincourt d'abord puis à Mirecourt. À l'origine, l'atelier produit des mandolines rondes. Cet instrument est alors très en vogue. Louis a 3 fils.

C'est René Gérôme (1884 - 1968) qui prend la succession de son père au début des années 1920 après avoir travaillé chez Laberte (une des grandes manufactures de Mirecourt) et chez L'Huillier (fabricant de mécaniques pour les instruments de musique).
Il marque l'histoire de l'atelier en créant de nouveaux modèles correspondant aux modes de l'époque : mandoline plate, mandoline à double table, banjo, guitares jazz, folk et hawaïenne, ukulélé et balalaïka. Il propose un choix varié de décors (essentiellement de  la marqueterie).  Pour développer la production, il invente des perfectionnements, ajoutés aux outils, aux machines.



Catalogue
René Gérôme, Mirecourt, vers 1950, 1ère de couverture © Musée de Mirecourt



La salle dite « des machines »
Atelier Gérôme, Mirecourt, 2011 (n°2010.6.0) © Musée de Mirecourt, C. Philippot




Une porte de placards couverte d'images
Atelier Gérôme, Mirecourt, 2011 (n°2010.6.0) © Musée de Mirecourt, C. Philippot



Ses quatre fils, André, René, Roger et Lucien participent au développement de l'atelier à partir des années 1930. Au début des années 1950, l'atelier produit jusqu'à 1 000 mandolines et 900 guitares par an. La production est distribuée dans toute la France et à l'étranger, par l'intermédiaire de revendeurs comme les Parisiens Hohner et Paul Beuscher par exemple. Ce système de commercialisation se prolonge jusqu'en 1967. À 82 ans, René Gérôme cède alors l'affaire à ses 4 fils qui produisent désormais sous l'étiquette « Frères Gérôme ».

C'est Lucien qui gère l'atelier. Les frères respectent les modèles de leur père tout en s'adaptant aux nouvelles demandes des musiciens. C'est ainsi qu'ils relancent la production de mandolines rondes abandonnée après-guerre. L'entreprise traverse ainsi le XXe siècle malgré les crises successives qui atteignent la lutherie.


René Gérôme et trois de ses fils en 1948
Porte de placard, Atelier Gérôme, 2016, Mirecourt © Musée de Mirecourt

 

Philippe Moneret succède à Lucien Gérôme


En 1992, Lucien Gérôme prend sa retraite. Philippe Moneret, employé depuis quelques années, reprend l'atelier Gérôme. En 2009, il déplace son activité ailleurs dans Mirecourt et cède le fonds de l'atelier Gérôme à la Ville de Mirecourt pour le Musée de la lutherie de l'archèterie.


Philippe Moneret au travail
Atelier Gérôme, Mirecourt, décembre 2003 © Musée de Mirecourt

 

Le fonds d'atelier est acquis en 2009 pour enrichir la collection du musée


Fin 2008, à l'occasion du déménagement de l'atelier du luthier Philippe Moneret,  la Ville de Mirecourt saisit la proposition qui lui est faite d'acquérir le fonds de l'atelier Gérôme situé 12 quai Le Breuil pour enrichir la collection du musée.  Le projet est validé par délibération du conseil municipal en février 2009.

En effet, si la collection du musée comporte plusieurs fonds d'atelier, aucun n'est complet ou n'a été documenté scientifiquement au moment de son enregistrement à l'inventaire.  L'acquisition du fonds de l'atelier Gérôme représente donc une réelle opportunité de combler cette lacune.  

Dans un contexte  historique  où  la  plupart  des  ateliers  en  ville  ont  été  démantelés et transformés en appartements ou en locaux commerciaux, le projet  de conserver in situ le fonds d'atelier est très rapidement envisagé. La Ville de Mirecourt signe alors un bail de location pour l'atelier et ses dépendances.

Ce fonds d'atelier est composé d'un ensemble mobilier (5 établis, 2 lampes, des étagères murales, un étau d'établi) ;  d'un ensemble de machines ; d'un ensemble de modèles de fabrication ; d'un ensemble de moules de guitares et mandolines ;  d'un ensemble de gabarits de découpe ;  d'un ensemble de petit outillage et matériels divers et des documents photographiques, photos, dessins, et études.
 

L'atelier Gérôme devient l'atelier du musée


Dès l'été 2009, les visiteurs du musée sont invités à s'imprégner de l'atmosphère de ce lieu unique où trois générations de luthiers se sont succédé pour  réaliser des mandolines et des guitares. Le choix est fait de présenter l'atelier en l'état avec pour objectif de valoriser l'esprit du lieu. L'atelier du musée vient enrichir l'offre faite aux visiteurs.  


Raphaël Rentero
Élève luthier, à l'établi, atelier du musée, 2022  © Musée de Mirecourt


 
Un élève luthier accueillant les visiteurs
Atelier du musée, Mirecourt, 2009 © Musée de Mirecourt


Pour approfondir, accédez ici à l'article « Un fonds d'atelier de luthier à découvrir in situ : conserver et valoriser l'esprit d'un lieu », Valérie Klein, In Situ, 2016, mis en ligne le 21 juillet 2016.
 

L'atelier complète le fonds Gérôme de la collection du musée


En 2009, au moment de l'achat du fonds d'atelier, le musée conserve déjà 11 instruments fabriqués par René Gérôme et ses fils (quatre acquis en 1973, un en 2004, un en 2005, trois en 2006 et deux en 2009), plusieurs catalogues de ventes ainsi que les clichés typographiques qui ont servi à leur impression (acquis en 1995).

En 2006, le musée a déjà acquis une partie du fonds de l'atelier comportant : du bois de lutherie, des pièces entrant dans la fabrication des mandolines rondes et plates, des pièces entrant dans la fabrication des guitares, des modèles et matériaux utilisés dans la fabrication des décors, des outils (n° 2006.3.0).

Si les instruments Gérôme de la collection du musée sont documentés, valorisés lors d'expositions temporaires et accessibles en ligne, si le fonds d'atelier (réunissant les acquisitions de 2006 et 2009) est conservé et valorisé en l'état in situ, les archives de l'atelier n'ont pas encore été traitées : seules quelques photographies sont accessibles en ligne sur le site des Archives départementales des Vosges en cliquant ici.
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